SES PLURIELLES

Afrique noire : quelles perspectives de développement ?
Georges N’Zambi, professeur au lycée André-Malraux de Montataire (60).

Quarante ans après s’être affranchie de la tutelle coloniale, l’Afrique continue à cumuler, au grand désespoir de ses populations, de multiples handicaps qui donnent d’elle l’image d’un continent à la dérive. Sida, corruption, dictature, famine, guerres civiles, tel est le cortège de maux stéréotypés que renvoie la seule évocation du continent africain. L’indépendance politique acquise au début des années soixante devait, pensait-on alors, servir de levier au développement économique et social du continent. Mais, quarante ans après, force est de constater que la montagne a accouché d’une souris : alors que d’autres continents n’ont cessé de progresser, l’Afrique, elle, semble condamnée à la stagnation voire à la régression. Le développement, phénomène à la portée d’autres peuples – d’Asie notamment –, demeure une réalité cruellement inaccessible aux populations africaines. L’Afrique noire serait-elle alors inapte au développement ?

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Le constat d’une marginalisation multiforme et croissante

L’Afrique noire est mal partie, tel était le titre prémonitoire du livre de l’écologiste René Dumont publié aux lendemains des indépendances. Décrié et vilipendé par la jeune intelligentsia africaine, ce livre, qui pourfendait les pratiques peu soucieuses de l’intérêt général des dirigeants africains d’alors, fait figure aujourd’hui d’œuvre prophétique, tant il est vrai que le sort du continent africain, dans de nombreux domaines ayant trait au développement, s’avère peu

UN ÉTAT DES LIEUX FORT PRÉOCCUPANT
Sans céder à l’afro-pessimisme, rappelons quelques réalités saillantes non exhaustives caractéristiques des

1 [idees 135 / 3. 2004

enviable. L’immobilisme général qui caractérise nombre de pays africains conduit certains esprits fatalistes à affirmer, non sans dérision, que « l’Afrique en réalité n’est jamais