Aimer AutruiLes Faux Monnayeurs André Gide  « presque tous les gens que j’ai connu sonnent faux », affirme Bernard à la vue d’une fausse pièce d’or. Cette assertion porte en elle une réalité désolante : comment Bernard peut-il aimer véritablement les autres si ces derniers ne révèlent pas leur intériorité et ne montrent pas d’authenticité ? Aimer autrui apparaît comme une expression évidente, voire comme une forme de pléonasme : nous sommes naturellement portés à aimer l’altérité …afficher plus de contenu…

Aimer autrui est souhaitable : amour édifiant et créateurAimer autrui apparaît alors comme une quête au centre de nos préoccupations. Une des plus grandes angoisses auxquelles l’homme fait face est celui de la solitude et de la fatalité qui le condamnerait à ne jamais pouvoir faire don de ses sentiments. A l’inverse, de pas aimer autrui (indifférence ou haine) apparaît aliénant : caractère délétère de la haine et aliénation paradoxale de soi à l’autre (la destruction de la personne devient notre but …afficher plus de contenu…

Cette vérité insupportable le pousse à travestir la réalité pour se forger une image flatteuse de lui-même, qui passe pour réalité aux yeux des autres. Puis demande à autrui son approbation quant à la valeur de cette image. En somme : instrumentalisation, on extorque à autrui l’estime de soi qui nous manque. Or cette utilisation d’autrui tend à l’objectiver = non seulement incompatible avec aimer, qui ne peut advenir que sur un pied d’égalité, autrement absorption de l’autre en soi, mais également parce que vu comme précédemment, une telle instrumentalisation d’autrui est impossible dans la mesure où autrui nous échappe et n’est en aucune façon le corrélat de la