Algeindas Julien Graimas
Algrida-Julien Greimas dans Du sens, II, 1983, écrit que la description « se double d’une fonction narrative seconde » et que « c’est un micro-récit ».
En quoi le portrait de Madame Vauquer dans Le Père Goriot et les autres textes descriptifs étudiés confirment-ils cette affirmation ?
A en juger son importance, que ce soit en termes de longueur ou de fréquence, il semble que la description soit un passage incontournable de la narration romanesque, au point qu’elle bâtit par exemple la réputation d’un Balzac. Pour ce dernier, outre la description du cadre de vie à l’entame du roman qui peut couvrir jusqu’à une trentaine de pages, ainsi pour appréhender la ville de Saumur dans Eugénie Grandet, il n’est pas d’apparition d’un personnage qui ne suscite pas de portrait, ainsi celui – mémorable – de Madame Vauquer ou en encore de Vautrin dans Le Père Goriot.
Si cette démarche témoigne d’une inspiration de l’écrivain à rivaliser avec le peintre, le photographe, voire même le cinéaste, comme Gustave Flaubert qui, avant l’heure, dans Un Cœur Simple, nous convie à la visite de la maison de Madame Aubain en déployant un long travelling à travers pièces et étages. La description se double d’un micro-récit, à en croire la thèse d’Algrida-Julien Greimas qui, dans un essai Du sens, jette les fondements d’un lourd paradoxe : comment une description qui offre un instantané figé, peut-elle se charger du mouvement de l’action ? Si c’est le cas, comment stylistiquement cela se peut-il ? Quelle sera dès lors la fonction de cette instance narrative secondaire ? L’idée d’un énoncé secondaire fédéré par un énoncé principal soutient-elle l’épreuve de l’analyse ? Mais plus immédiatement, faut-il voir dans ce processus descriptif – décrire pour raconter – une vérité éprouvée dans l’ensemble du genre romanesque ?
Nous nous emploierons à observer dans un premier temps comment stylistiquement se trouve mis en place le micro-récit dans la description. Il nous faudra alors mettre