Analyse son "riget"
Riget, la seule série réalisée par Lars von Trier entre 1994 (première saison) et 1997 (deuxième saison), a été produite pour la chaine de télévision DR, l’entreprise de radio-télévision publique de Danemark. Von Trier, qui a collaboré avec Morten Arnfred pour Riget cite Belphégor, série française réalisée en 1965, comme point de départ pour la série danoise, qui lui a insufflé l’idée de la mise en scène d’un fantôme dans un lieu prestigieux[1]. Riget, réalisé après la trilogie Europe (The Element of Crime, 1984, Epidemic, 1987 et Europa, 1991), est considéré par certains critiques, comme étape intermédiaire dans sa création artistique, qui annonce la naissance de Dogme 95[2]. L’esthétique de la série inclut des éléments spécifiques à son travail antérieur et des techniques tributaires à sa période Dogme, comme le mélange entre les cadres fixes, les travellings fluides, filmées avec un steadicam et le style point-and-shoot, qui va définir certains de ses futurs films, comme Idioterne. Si Riget est le lieu d’intersection de différentes expressions stylistiques de von Trier, le générique de la série condense l’atmosphère oscillante entre la comédie noire et l’horreur religieuse et résume les méthodes de prise de vue et de montage employées durant les huit épisodes. La séquence d’ouverture frappe par la discordance entre les deux parties qui la composent : la terreur onirique, à la fois morbide et luxuriante, est brusquement arrêtée par le montage spasmodique spécifique à Dogme 95. Le seul lien entre les deux parties reste le motif de la mort, omniprésent dans tous les cadres : le travelling cauchemaresque en slow-motion qui décrit un royaume souterrain, réminiscence visuelle de The Element of Crime, le geste de la main qui évoque les zombies de George Romero, l’ambulance, le sang et le cadavre, qui se succèdent dans un rythme alerte et chaotique. Tout comme dans Antichrist