Andromaque scene 4 acte 1 analyse
Hé quoi ? votre courroux n'a-t-il pas eu son cours ?
Peut-on haïr sans cesse ? et punit-on toujours ?
J'ai fait des malheureux, sans doute ; et la Phrigie
Cent fois de votre sang a vu ma main rougie.
Il avoue donc, l'infâme ! et les possessifs soulignent l'aveu. Il se présente donc à Andromaque tel que Andromaque le voit : un guerrier sanguinaire.
Cependant les interrogatives qui introduisent la réplique suggèrent qu'il y a un temps pour chaque sentiment. Il semble en appeler au pardon mais sans consentir à s'abaisser ; d'où la tonalité un peu agressive de ses questions marquées par une dureté consonnantique ("quoi ?"; "courroux"; "cours"; "peut-on"; "punit-on toujours ?").
Mais que vos yeux sur moi se sont bien exercés !
Qu'ils m'ont vendu bien cher les pleurs qu'ils ont versés !
Aux interrogatives succèdent les exclamatives et décidément quelle importance accordée au regard ! Aux yeux mouillés de larmes de la princesse captive !
De combien de remords m'ont-ils rendu la proie !
Je souffre tous les maux que j'ai faits devant Troie.
Vaincu, chargé de fer, de regrets consumé,
Brûlé de plus de feux que je n'en allumai,
Tant de soins, tant de pleurs, tant d'ardeurs inquiètes...
Hélas ! fus-je jamais si cruel que vous l'êtes ?
Pyrrhus pousse tout de même le bouchon un peu loin en comparant ses remords aux horreurs du massacre des Troyens. Il s'en rend compte sans doute qui suspend ses jérémiades par trois points de suspension.
Franchement, à la place d'Andromaque, on serait tout de même tenté de lui crever les yeux, non ?
Mais enfin, tour à tour, c'est assez nous punir :
Nos ennemis communs devraient nous réunir.
Les possessifs "votre sang" et "ma main" sont ici réunis dans la désignation "nos ennemis communs".
Le discours porte en lui le désir de Pyrrhus : s'unir à Andromaque.
Et pour cela, il n'hésite pas à s'engager dans des promesses qui feront de lui à tout jamais un ennemi des princes grecs :
Madame, dites-moi