Anesthésie du patient obèse
J. Faivre, N. Kermarrec, P. Juvin Service d’Anesthésie et de Réanimation Chirurgicale, Hôpital Beaujon, 110 Boulevard du Général Leclerc, 92110 Clichy. Email : philippe.juvin@bjn.ap-hop-paris.fr.
INTRODUCTION
L’obésité peut se définir grâce à plusieurs indices : poids réel, pourcentage de poids au-dessus du poids idéal, ou index de masse corporelle (IMC ou Body Mass Index des anglo-saxons, BMI), exprimé en kg par m2 de taille [1]. L’IMC permet de définir plusieurs catégories d’obésité : obésité de classe I : IMC entre 30 et 34,9 ; obésité de classe II : IMC entre 35 et 39,9 ; obésité de classe III, souvent appelée obésité morbide : IMC > 40 kg/m2. Trois facteurs expliquent le recours de plus en plus important à l’anesthésie chez les patients obèses. Le premier de ces facteurs est l’augmentation régulière de la population souffrant d’obésité. La prévalence de l’obésité atteindrait 15 % de la population des pays développés, hors Etats-Unis [2]. En France, une enquête publiée fin 2003 par la SOFRES, l’INSERM et les laboratoires Roche faisait état de 30,3 % des français en surpoids (25 < IMC < 30) et de 11,3 % souffrant d’obésité. La prévalence de l’obésité serait identique chez les hommes et les femmes [3]. Le second facteur est le recours de plus en plus fréquent à la chirurgie pour traiter l’obésité. Même si les conclusions des études portant sur l’efficacité de la chirurgie de l’obésité font l’objet de quelques controverses, le National Institute of Health a souligné que la chirurgie était une option thérapeutique qui devait être envisagée pour des malades présentant une obésité morbide sévère (IMC > 40 ou > 35 avec 1 facteur de comorbidité), lorsque les méthodes non chirurgicales s’étaient révélées être un échec [4]. Le troisième facteur est l’augmentation de l’incidence de certains cancers en cas d’obésité, dont le traitement est chirurgical (cancers de l’oesophage, du colon, du rectum, du foie, des reins et de la vessie chez