Audrey.
En plus d’un manque d’attrait, celui ou celle dont le corps n’est pas perçu comme beau subit des injustices en société.
Il nous arrive fréquemment d’évaluer une personne qui nous est étrangère et de lui attribuer des traits de personnalité sur la seule base de son apparence physique. De nombreux chercheurs en psychologie ont montré que cette apparence est un puissant déclencheur d’idées toutes faites et un modulateur du jugement porté sur autrui. Même si nous avons conscience du caractère hasardeux d’une telle estimation, nous y recourons volontiers, parce qu’elle est rapide et nous dispense d’une évaluation approfondie.
Pourquoi on ne s’aime pas
Amour, rejet, acceptation… Les relations avec notre corps sont fluctuantes. De quoi sont faits les liens entre le moi et l’enveloppe charnelle ? Approche d’une relation intime, souvent douloureuse, toujours complexe.
Chaque matin, le miroir est notre interlocuteur. Après une mauvaise nuit, il est impitoyable : « Ces cernes, cette graisse, ces rides, ce nez… Mais quelle horreur ! » Nos relations avec notre reflet sont marquées du sceau de l’incertitude. Un regard critique nous réduit à un tas de chair sans attrait. Un sourire séducteur nous assure de notre charme.
« Nous accordons une importance démesurée à notre apparence, constate Didier Prades, psychothérapeute. Or, il est impossible de se voir tel que l’on est, de se saisir en globalité. Notre vision de nous est, par essence, morcelée. » D’où ces examens sans pitié, où chaque segment de notre surface corporelle est jaugé comme une entité autonome : « J’aime mes épaules mais pas mes cuisses ; le ventre, ça va, mais les fesses, pas du tout. »
Si la tyrannie de la minceur et de la fermeté contribue fortement à une haine implacable pour la moindre de nos imperfections, elle n’est cependant pas la seule en cause.
Entre impression et réalité
« A 16 ans, j’avais l’impression d’être une petite chose rachitique sans intérêt, confie