Baudelaire et la mort
« La mort est omniprésente dans les Fleurs du Mal, sans cesse évoquée, tantôt souhaitée avec force, tantôt redoutée avec angoisse. Représentée par de nombreuses allégories [...], la mort revêt pour Baudelaire des visages changeants. Étudier le thème de la mort dans ce recueil, c'est donc plonger au cœur même de l'ambiguïté baudelairienne »
En vous concentrant sur cette citation de Marie-Gabrielle Slama, exposez la conception baudelairienne de la mort. Expliquez cette « ambiguïté » dont parle la critique et souvenez-vous d'illustrer abondamment votre propos.
Dans Les Fleurs du Mal, nous assistons à la quête du poète qui recherche un sens à l’existence. Dans les premières parties, Baudelaire explore vainement la nature, Paris, l'amour, les extases provoquées par le vin ou la débauche, il poursuit l'idéal dans la femme ou dans l'Art ; parfois le voyage semble offrir de belles promesses, un ailleurs où l'âme retrouverait "sa douce langue natale", où tout ne serait "qu'ordre et beauté,/ Luxe, calme et volupté" (L'invitation au voyage). Mais cet ailleurs se révèle décevant ("Amer savoir, celui qu'on tire du voyage!" Le Voyage). Alors après s'être révolté vainement et avoir tenté un pacte avec Satan, Baudelaire se tourne enfin vers la mort, la dernière partie et l’aboutissement des Fleurs du mal.
Baudelaire ne considère plus la mort comme on le faisait aux siècles précédents, ce n'est pas uniquement quelque chose de terrifiant, la fin brutale qui pousse l'homme à profiter de la vie au jour le jour avant l’échéance fatale. La mort, pour Baudelaire, peut également revêtir des aspects attirants, voire envoûtants. « - J'allais mourir. C'était dans mon âme amoureuse/ Désir mêlé d'horreur, un mal particulier »( Le Rêve d'un curieux) Comme nous le verrons, cette ambivalence entre la crainte et la fascination face à la mort est très marquée dans Les Fleurs du Mal où ce thème revient constamment sous des visages variés et contrastés, tantôt