Commentaire composé sur la nouvelle "monseigneur" d'anton tchékhov
Les personnages tchékhoviens, de tous milieux et de toutes conditions, sont des gens ordinaires devant qui se dérobent soudain, à la faveur d’une circonstance souvent mineure, les repères familiers. De fait, toutes les nouvelles de Tchékhov racontent l’histoire d’une révélation troublante, généralement inutile. Par ailleurs ces récits – tout comme le théâtre tchékhovien – peignent le quotidien, la torpeur provinciale. Pour ce faire, ils empruntent à l’objectivité du médecin – rigoureuse mais attentive à l’individu, puisque chaque cas est particulier. Du reste, ils parlent souvent de destins avortés, de non-communication, car ces thèmes tiennent extrêmement à cœur à Tchékhov.
Il est certain que l’écriture tchékhovienne se caractérise par une tonalité majoritairement pessimiste et mélancolique, malgré l’humour toujours présent. C’est ainsi que Léon Chestov surnommait Tchékhov « le chantre de la désespérance » – et il ajoutait : « Il a tué les espoirs humains vingt-cinq ans durant ; avec une morne obstination, il n’a fait que cela. » Effectivement, les récits et pièces de Tchékhov – qui ont pour point commun de peindre la misère de la condition humaine – semblent n’exprimer que tristesse et désenchantement. Ainsi, Monseigneur est l’histoire d’un