Corpus : paul scarron, alfred de musset, paul verlaine, jules supervielle
Texte 1
Un amas confus de maisons,
Des crottes dans toutes les rues,
Ponts, Églises, Palais, Prisons,
Boutiques bien ou mal pourvues,
Forces(1) gens noirs, blancs, roux, grisons,
Des prudes, des filles perdues,
Des meurtres et des trahisons,
Des gens de plume aux mains crochues(2),
Maint(3) poudré(4) qui n'a pas d'argent,
Maint homme qui craint le Sergent,
Maint Fanfaron qui toujours tremble,
Pages, Laquais, Voleurs de nuit,
Carrosses, chevaux et grand bruit :
C'est là Paris ; que vous en semble ?
Paul Scarron, Sonnet, Poésies diverses, 1654.
Texte 2
Que j'aime le premier frisson d'hiver ! le chaume
Sous le pied du chasseur, refusant de ployer !
Quand vient la pie aux champs que le foin vert embaume,
Au fond du vieux château s'éveille le foyer ;
C'est le temps de la ville. – Oh ! lorsque, l'an dernier,
J'y revins, que je vis ce bon Louvre et son dôme,
Paris et sa fumée, et tout ce beau royaume
J'entends encore au vent tes postillons(5) crier,
Que j'aimais ce temps gris, ces passants, et la Seine
Sous ses mille falots(6) assise en souveraine !
J'allais revoir l'hiver. – Et toi, ma vie, et toi !
Oh ! dans tes longs regards j'allais tremper mon âme ;
Je saluais tes murs. – Car, qui m'eût dit, madame,
Que votre cœur sitôt avait changé pour moi ?
Alfred de Musset, « Sonnet », Les Contes d'Espagne et d'Italie, 1829.
Texte 3
[…]
Toi, Seine, tu n'as rien. Deux quais, et voilà tout,
Deux quais crasseux, semés de l'un à l'autre bout
D'affreux bouquins moisis(7) et d'une foule insigne(8)
Qui fait dans l'eau des ronds et qui pêche à la ligne.
Oui, mais quand vient le soir, raréfiant enfin
Les passants alourdis de sommeil et de faim,
Et que le couchant met au ciel des taches rouges,
Qu'il fait bon aux rêveurs descendre de leurs bouges(9)
Et, s'accoudant au pont de la Cité(10), devant
Notre-Dame, songer, cœur et cheveux au vent !
Les nuages, chassés par la brise nocturne,
Courent, cuivreux et roux,