De la démocratie en amérique
Dans De la démocratie en Amérique (tome 2 – 1840), Alexis de Tocqueville (1805-1859), penseur politique, historien et écrivain français, offre une réflexion profonde sur les formes particulières de la démocratie américaine. L’œuvre traite ainsi de l’influence que la démocratie exerce sur la société civile, ses mœurs, ses idées et sa vie intellectuelle. L’extrait étudié traite de l'influence que la démocratie exerce sur la famille.
Ainsi, avec le passage d’une aristocratie à une démocratie, quels changements se sont opérés dans les relations familiales ?
D’après Tocqueville, l’égalité des conditions modifie le rapport des citoyens entre eux y compris les rapports familiaux. De nos jours, la distance entre les membres de la famille s’est rétrécie et l’autorité paternelle n’existe plus. Mais ce changement se fait ressentir surtout en Amérique où le mot « famille n’avait pas de sens » avant l’établissement d’une certaine égalité, d’une démocratie. Le père exerce une certaine autorité que Tocqueville qualifie de « dictature domestique », ce qui l’éloigne de ses fils. Un rapport maître/fils s’établit au lieu de la tendresse qu’un père devrait avoir pour son fils. Cependant, une fois le jeune homme arrivé à la virilité, il peut jouir de son indépendance et les « liens de l’obéissance familiale se détendent de jour en jour » . Le fils obtient alors sa liberté sans lutter : « c’est un bien qui lui est dû et qu’on ne cherche pas à lui ravir ».
Dans les sociétés dites aristocratiques et hiérarchiquement organisées, la société guide les privilégiés qui guident à leur tour les autres. Il en est de même pour la famille : le père n’a pas seulement un pouvoir domestique mais aussi un certain pouvoir politique. Même les enfants ne sont pas égaux entre eux (pas d’intimité fraternelle). De plus, si l’on peut apercevoir des liens dans cette famille, ce ne sont que des liens fondés par