Diderot Supplement Au Voyage De Bougainville
- Diderot :
Philosophe et écrivain du XVIIIe, appartenant au mouvement des Lumières. Connu pour avoir été à l’origine avec
D’Alembert de L’Encyclopédie. A aussi écrit le roman très novateur Jacques le fataliste (voir texte complémentaire de la séquence 1).
- Le Supplément au Voyage de Bougainville :
Œuvre de fiction qui commence comme un dialogue philosophique entre deux personnages, « A » et « B » : l’un prétend qu’il possède une partie inédite d’un récit du navigateur Bougainville, qui nous est donnée par la suite.
- La tirade du vieux Tahitien s’adressant à Bougainville :
Diderot y fait le procès du colonialisme : le plus civilisé dans ce dialogue n’est pas forcément celui qu’on croit.
L’écrivain lui fait prononcer cette harangue (=discours violent) au moment des adieux des Tahitiens à Bougainville.
Face aux Tahitiens qui se lamentent du départ de Bougainville, le vieillard souhaite les mettre en garde : ils ont tort de pleurer cette homme qui va n’apporter que malheur et désolation sur leur terre. Le philosophe se sert de ce discours pour faire prendre conscience de la barbarie des Européens colonisateurs. Le vieillard, porte-parole de l’auteur, remet également en question le soi-disant esprit de civilisation caractérisant ces derniers.
I. Un habile réquisitoire
1. Un discours organisé comme celui d'un procureur
Le discours du Tahitien est très structuré : il est donc fait pour convaincre, pour s'adresser à la raison, en suivant les étapes attendues d'une argumentation :
–
la captatio benevolentiae, servant à attirer l'attention et la bienveillance de l'auditoire avec :
- ponctuation exclamative
- apostrophe du peuple au début et à la fin de la captatio (l. 7 et 13)
- répétitions
- utilisation d'un registre lyrique exprimant des sentiments (interjection « ô », « malheureux », « pleurez »,
« amis »)
=> cherche à attirer l’attention et à jouer sur un lien affectif avec le public pour qu’on