Dissert' d'annezay
Je reviens à la source comme les saumons qui remontent le courant et qui viennent se finir, se disloquer bout par bout dans l’eau croupit parce qu’ils ont fait ce qu’ils devaient faire et c’est tout. Ils se barrent en morceaux, ils vont à la mort déchiquetés, dégueulasses.
C’est pas facile de te parler à toi, je sais même pas qui t’es, ce que t’as fais, je parle et tout, et je te vois là qui me regarde avec des yeux de victimes, t’as des yeux de victimes toi, c’est dingue ça. Merde, le seul être que je trouve sur ma route, c’est une victime potentielle. Je te parles, et toi tu restes là dans le silence à te tortiller le cul alors que moi je sais pas par quel point commencer. C’est que j’ai pas l’habitude de me mettre à table, tu vois ? La dernière fois que je me suis lavé, si on peut dire, c’était un curé, un curé. Je rentre dans la première église venue et je déballe toute l’affaire. Je lui dis que j’ai tué un homme à la sortie d’un restaurant d’une balle dans la tête et le curé me regarde, et tu sais pas ce qu’il me dit l’autre – J’attendais tout sauf ça – Il me dit qu’il me comprend, que lui c’est pareil, qui connaît le truc. Le curé me dit qu’il connaît l’histoire, le sentiment, qu’il est libanais, qu’il a été soldat pendant la guerre et tout, et que lui aussi a tué des gens par dizaine. Et que Dieu, il reconnaîtra les siens et c’est pour ça que