Douze degrés d'humilité dans un usage de l'inteligence face au réel
Par Bernard de Castéra
Paru initialement dans L'HOMME NOUVEAU
Saint-Benoît de Nurcie, au VIème siècle, et à sa suite saint Bernard de Clairvaux, au XIIème siècle, ont médité sur l'échelle de Jacob, cette échelle symbolique par laquelle l'homme tente de monter vers Dieu. Ils avaient ainsi distingué divers degrés d'humilité dans la vie spirituelle. Imitant leur procédé, nous proposons douze degrés d'humilité dans l'usage de l'intelligence.
1er degré : Rechercher ce qui est simple
Les vérités les plus profondes ne sontelles pas celles qui se tiennent auprès des réalités les plus simples et les plus fondamentales de la vie ? Qui cherche la vérité se tourne vers les expériences originelles, plus déterminantes et moins intellectuelles, celles qui sont le partage de tout un chacun : la jeunesse, l'amour, la naissance, la vieillesse, la mort, la faim et la soit, le travail, la fête -ce que l'humanité expérimente depuis toujours, bien avant l'apparition de l'écriture et des intellectuels.
Il y a deux sortes de simplicité celle des grandes abstractions produites par un intellectualisme qui vide l'intelligence de la réalité concrète de la vie, et puis celle des réalités de l'homme concret qui vit chaque jour de la satisfaction de l'essentiel. L'intelligence ne peut que gagner à se nourrir de la méditation de ces réalités concrètes.
Une intelligence déracinée ne peut pas produire des oeuvres de vie. La vie intellectuelle devrait être un constant dialogue avec les réalités concrètes, avec les gens simples.
2eme degré : Savoir admirer
Admirer, c'est éprouver de la joie à découvrir quelque chose clé nouveau. L'admiration est le sentiment des enfants parce que tout ce qu'ils voient est nouveau pour eux. Mais c'est aussi un sentiment qu'on rencontre souvent chez ceux qui gardent l'esprit éveillé, attentif, curieux de tout ce qu'ils ne