ECONOMIE
Les traditions se perdent. Avant, les patrons de Cofinoga, Michel Philippin et Philippe Lemoine, célébraient chaque nouvelle année avec faste. Ils se rendaient à Mérignac, la plate-forme technique du groupe où travaillent 2100 salariés. Et, depuis le standard du site, prononçaient un discours diffusé en direct sur des écrans géants installés dans chaque service. Après quoi, le tandem allait trinquer, au champagne. Cette année, rien. C’est par un e-mail laconique que Raffaele Cicala, le nouveau directeur général, a exprimé ses vœux. «En plus, il l’a envoyé avant le 31 décembre, ça ne se fait pas», soupire Yann, un vieux routier de la maison.
Qui l’eût cru ? Après avoir prospéré pendant quarante ans en distribuant des crédits revolving à taux d’intérêt costauds, parfois plus de 20%, le champion du crédit à la consommation en magasins (Galeries Lafayette, Monoprix, Système U…) peine à son tour à boucler les fins de mois. Cofinoga a publié fin avril une perte de 174 millions d’euros pour 2011. Autre signe d’alerte, entre 2007 et 2010 (dernier chiffre connu), l’établissement a écoulé 40% de crédits en moins. En février, cette filiale à 50/50 des Galeries Lafayette et de BNP Paribas a annoncé la suppression de 433 postes. La direction invoque la crise du crédit conso pour justifier cette saignée et n’espère pas renouer avec des bénéfices corrects avant 2015. Pourtant, ses concurrents ont mieux traversé ces turbulences.
Jusque-là, le directeur général, Michel Philippin, n’avait pas manqué d’intuition. Entré à la Compagnie financière des Nouvelles Galeries (Cofinoga, donc) en 1973, c’est lui qui a eu l’idée de généraliser le modèle de la carte Cofinoga. A la fois carte de fidélité et de crédit, elle permet de ferrer le client en lui permettant d’assouvir ses envies. En échange d’une ristourne de 15% sur une montre Cartier aux