Son cœur allait s'effondrer si elle continuait à pleurer. Il ne tenait plus.La pluie tapait aux carreaux aussi vite que les larmes se faisaient un chemin le long de ses joues. L'obscurité était pesante mais malgré la seule lueur de l’éclairage public, ses pomettes ressemblaient à deux sillons argentés venus illuminer son visage. Mais la réalité était toute autre, et la nuit serait effectivement longue . Si moderne et attirante, femme qui fascine tant, mystèrieuse et indépendante, cette femme n'etait qu'à présant un poid echoué . Cet homme, fort et vigoureux, lui, ne trouvait pas le courage pour s'exprimer . La voiture ralentit et il se gara sur un espace éloigné de la route, et principalement de la ville agitée de Bordeauxet de ses alentours. Les pensées qui l’harcelaient était trop insurmontable pour qu’il puisse continuer sans risquer de les blesser tous les deux. Mais quelque part, ils mourraient déjà.Lorsqu’il coupa le contact, le brouhaha de la pluie sur le capot de la voiture s’intensifia brusquement. Mais ce n’était rien comparé au long sanglots qui émanaient de manière brutale de la forme recroquevillée sur le siège près de lui. Il jeta un coup d’œil vers elle mais regretta son geste immédiatement. De plus, il ne pouvait donc plus écarter son regard. Ce qu’il avait sous les yeux dépassait l’entendement. Le peu de lumière parvenant d’un lambadaire du coin de la route donnait à la scène une allure encore plus surnaturelle. Elle, d’habitude si forte, si droite, ne ressemblait plus en cet instant qu’à une masse de chair indescriptible, mouillée, et secouée de frissons qui sonnaient tous comme la dernière plainte d’un agonisant. Elle respirait avec difficulté, ses mains, qui tentaient de dissimuler son visage et ses pleurs, étaient d’une maigreur affolante. Elles pourraient presque ressembler à celles des cadavres sur une table d’autopsie, pensa-t-il…Il chassa d’un mouvement de paupières les horribles images qui lui parvinrent . Il baissa la tête et soupira.