Engagement
Quelles valeurs doiton privilégier pour garder la foi en l'action éducative que l'on mène au quotidien ? Je n'ai pas la prétention d'en établir le répertoire exhaustif, mais de souligner ce qui m'apparaît comme les plus fondamentales d'entre elles.
CROIRE INCONDITIONNELLEMENT EN L'ÉDUCABILITÉ DE L'USAGER Nul mieux que PH. Mérieu n'a su parler de cette responsabilité collective et individuelle que tout éducateur doit cultiver dans son tréfond pour dynamiser une action éducative toujours en passe de s'épuiser. Plutôt que de culpabiliser devant les échecs tant de fois essuyés, il s'agit de relever encore et toujours le pari de l'éducabilité de l'usager et cela même s'il paraît insensé d'investir espoir et énergie dans le cas d'une personne dont les caractéristiques psychologiques et sociales sont à ce point éloignées de ce qu'il est convenu d'appeler la normalité. Pour l'éducateur, croire dans l'éducabilité de l'usager, c'est refuser le rejet de l'autre sur la base de ses déficiences ou de ses travers. C'est refuser de penser à la place de l'autre. C'est être intimement convaincu qu'il est capable de réussir à exprimer son humanité là où le commun des mortels ne voit que déficits et symptômes. Là où le profane ne voit que caillou et boue, l'orpailleur ne se décourage pas, car il sait que, tôt ou tard, son action n'aura pas été vaine. Meirieu a bien montré qu'il s'agissait d'un pari utile, indispensable, mais ô combien ! Osé. Pari utile dans la mesure où le principe d'éducabilité confère à l'inventivité socioéducative un sens profond. En refusant d'attribuer la responsabilité de l'échec d'une prise en charge à la déficience des capacités de l'usager, l'éducateur s'oblige à rechercher des pratiques nouvelles susceptibles de réussir là où ses pratiques ordinaires échouent. Ce pari d'éducabilité permet d'échapper à la désespérance, puisqu'il n'implique pas l'acharnement