Enseignant
PROGRAMME DE MAÎTRISE EN
ÉTUDES FRANÇAISES
FREN 5228 Annie ERNAUX : la mémoire vécue et écrite
Automne 2006
PROFESSEUR : Sergio VILLANI
Si l`écriture d`Annie Ernaux est une interrogation de la réalité, cette réalité, cette vision est-elle totale ou partielle, limitée par sa perspective de femme? Discutez en vous rapportant à deux ou trois textes de l`auteure.
Présenté par : Jacques Touré Mardi, le 21 novembre 2006.
Le réalisme en littérature se veut une reproduction de la nature au moyen des mots. Si la photographie et la peinture semblent plus habilitées à ce type d’entreprise, Balzac et Zola ont montré que la littérature pouvait donner du référent une copie objective. Mais le réalisme de l’auteur est-il tributaire de l’identité de son auteur ? L’objectivité obéit-elle à des contraintes d’ordre biologique ? Doit-on voir dans l’écriture d’Annie Ernaux, un réalisme limité par des contraintes imposées par son statut de femme ? Telles sont quelques réponses auxquelles nous tenterons de répondre.
L’écriture engagée, la mobilité sociale, la mémoire, la famille sont quelques uns des thèmes qu’on retrouve dans l’œuvre d’Annie Ernaux. Son engagement en écriture s’articule autour de plusieurs axes. Il y a bien sûr le féminisme mais aussi et surtout la volonté de montre la réalité de ceux qui, parce qu’écrasés par les vicissitudes de la vie, n’ont pas voix au chapitre. On ne parle pas d’eux. On ignore leur existence. Ils n’intéressent personne. C’est la classe des ouvriers. La classe à laquelle appartenait la famille de l’auteure. Elle a vécu elle-même cette oppression. Elle a ressenti l’humialtion de l’exclusion. De là est né son désir de témoigner, comme si elle était investie d’une mission : « J’ai fini de mettre au jour l’héritage que j’ai dû déposer au seuil de monde bourgeois et cultivé quand j’y suis entrée »(LP76). Elle a trahi ses origines