Lors de mon premier stage en milieu hospitalier, j’ai pu travailler avec des personnes atteintes de démences type Alzheimer et apparentées. L’unité où elles sont accueillies est un milieu fermé, c'est-à-dire que tous les accès vers l’intérieur ou l’extérieur ne sont possibles que si l’on connaît le code, sauf un jardin, mais avant de pouvoir en sortir il faudrait escalader les grillages ou le portail. Il va de soi que si c’est un milieu clos c’est pour la sécurité des résidents, en effet la pathologie dont ils souffrent ne leur permet pas de retrouver leur chemin. Il est déjà arrivé qu’un résident « fugue », et le monde extérieur est très dangereux pour une personne qui ne sait plus distinguer une situation normale d’une situation dangereuse. Ainsi, juste le fait de traverser une rue représente un danger potentiel. Pour éviter un drame, il a donc été créé une Unité de Vie Protégée. Les résidents ont une chambre bien à eux, et ils sont pris en charge par une équipe pluridisciplinaire. On pourrait dire qu’ils sont « nourris, logés, blanchis » et que leur moindre besoin peut être satisfait, mais j’ai souvent entendu des propos du genre « Quand est-ce que je vais sortir d’ici ?, c’est quoi ici, une prison ? Le car qui doit nous ramener n’est pas encore parti, j’espère… » Des mots qui reflètent une certaine angoisse à mon sens. J’ai le souvenir d’un résident en particulier, ce monsieur avait eu une vie ordinaire, il était agriculteur, avait eu six enfants, avait été maire de sa commune durant 7 années. Puis la maladie s’est installée doucement. A l’époque, sa femme s’occupait de lui, mais malheureusement elle décéda. Durant un temps il demeura chez lui avec la visite occasionnelle de ses enfants pour voir si tout allait bien, mais la perte de sa femme était très dure à vivre pour lui, il allait au cimetière tous les jours et parfois même la nuit. C’est ce qui l’a mené à être institutionnalisé. Une nuit, ce sont les gendarmes qui l’ont trouvé marchant seul dans