Etude apple
La première image qui se forme dans le miroir est celle du corps, de notre corps, celui que nous découvrons. Le miroir joue un rôle essentiel pour l’homme, qui n’a cessé de vouloir y distinguer ses propres traits, comme en témoigne le mythe tragique de Narcisse. C’est surement de ce fait qu’Alberti fait de Narcisse l’inventeur de la peinture : « C’est pourquoi j’ai l’habitude de dire à mes amis que l’inventeur de la peinture, selon la formule des poètes, a du être ce Narcisse qui fut changé en fleur car, s’il est vrai que la peinture est la fleur de tous les arts, alors la fable de Narcisse convient parfaitement à la peinture. La peinture est-elle autre chose que l’art d’embrasser ainsi la surface d’une fontaine ? », traité, De Pictura, publié en 1435.
L’étude de la place du miroir dans les arts permet de mieux cerner les éléments d’héritage ou de rupture qui, au sein de cette longue tradition, font du miroir l’ « emblème » de la peinture. L’analyse des fonctions du miroir permettra donc de comprendre de quelle esthétique il est la métaphore, dans la relation de l’image avec le réel, « visible » ou « invisible ». L’image comme miroir est étrange, ambiguë puisqu’elle dissimule ce qu’elle simule. Qu’est ce qui est à voir ?
Au-delà du désir d’établir une « histoire du miroir », l’ambition qui est la notre ici est de confirmer que cet objet joue doublement le rôle d’un emblème de la peinture : emblème du processus d’autoréflexivité du medium peinture. En outre, l’emblème comme dispositif crée un écart entre la mimesis et la tautologie du miroir-reflet.
Dans son ambition de rendre compte du réel, La Renaissance constitue une période fondamentale pour la théorisation de la perspective et la mise en place du miroir comme emblème de la peinture. Bien que les artistes restituent la nature des différentes manières en fonction des conceptions singulières de chacun, leur ambition est de rendre leurs œuvres de plus en plus fidèles à la perception visuelle