Explication de texte
→ Alain s'inscrit dans une perspective dualiste héritée de Descartes. Pour lui, la conscience est cette force qui nous permet de nous opposer aux impulsions du corps, et c'est d'ailleurs dans la mesure où il possède ce pouvoir indépendant du corps que l'homme peut être dit habité par une âme, un esprit. Ainsi, la conscience n'est pas seulement la capacité de nous relier à nous-mêmes et aux choses, comme le veut la définition traditionnelle; car nous n'appréhendons véritablement son existence que lorsqu'elle se manifeste comme opposition, doute résistance.
Alain estime, contrairement à l'opinion commune, que la conscience se perd lorsque l'homme cède à son corps. Corps et conscience ne peuvent s'affirmer qu'au détriment l'un de l'autre. Si le corps triomphe, alors l'âme disparaît; si l'âme domine, le corps doit alors faire taire ses exigences et passer au second plan.*
L'âme est action et non pas être. Elle se définit en effet à travers un acte (l'acte volontaire) qui est tout ce qu'elle est. L'âme n'a pas d'autre essence que d'être ce qui fait barrage à ce qui nous sollicite.
→ L´âme accompagne-t-elle le corps ?
→ Il s'agit pour Alain de donner une définition de l'âme et par là même de montrer la tension qui existe entre l'âme et le corps. Alain contredit l'idée selon laquelle le corps aurait un pouvoir supérieur à l'âme et affirme an contraire l'idée cartésienne du libre arbitre. Nous pouvons alors nous demander quelles sont les conséquences pour l'existence humaine de cette lutte incessante de l'âme et du corps. L'enjeu est de faire apparaître que l'âme, qui est pour Alain, la grandeur d'âme, n'est pas une affaire en soi mais se joue dans l'action. Le texte s'articule en trois mouvements.
Dans le premier, Alain commence par une affirmation catégorique qu'il étaye ensuite avec différents exemples qui montrent que l'âme peut refuser ce que souhaite le corps. Ensuite Alain envisage les deux situations extrêmes