Fil a plomb
Me voici donc au pied du mur, au pied du premier ouvrage à construire, à bâtir, à ériger. Première érection, donc porteuse d’angoisse, de désir et de fascination qui se mêlent dans l’envie de se lancer dans le travail. Première œuvre à accomplir, a ne pas rater, sous le regard de mes frères et sœurs attentifs jusque là à me soutenir, à me conseiller, à m’enseigner quelques règles de l’art et qui attendent sans doute aujourd’hui de voir l’évolution, la transformation, le retour de ses acquisitions nécessaires.
Ils espèrent voir s’empiler ces pierres, mes pierres, dans un ordre acceptable, s’adaptant les unes aux autres, se calant dans leurs anfractuosités opportunes pour former cette première construction dans le droit fil, le droit chemin, le bon droit, le droit humain : rectitude ( mot glissé à l’oreille comme un ordre et transmis par la chaine d’union jusqu’à revenir intact)
L’ouvrage semble pourtant accessible, un premier mur, simplement droit, ah ce « simplement droit » comme je le déteste à cette heure car justement ce « simplement » est toute la difficulté de l’exercice, c’est bien là que l’on m’attend. Je me suis pourtant entraîné, j’ai également préparé le terrain, j’ai affuté au mieux mes outils mais il va falloir se lancer, commencer à poser la première pierre, le premier rang.
Je sors de ma poche l’outil informe, mou, lourd, emmêlé qui doit guider mon action, créer le lien entre ma pensée, ma vision des choses, et mes mains qui tremblent.
Le voilà l’outil de l’apprenti, l’outil de base, celui du premier repère, premier guide, premier juge aussi. Le voilà cet outil pauvre et sans ambition