En définitive, nous nous sommes demandé si Baudelaire est « le dernier classique et tout à la fois le premier moderne » comme l'a suggéré Claude Pichois, et pour répondre à cette question, nous avons vu dans un premier temps que le poète incarne la fin du romantisme en ceci qu'il change le discours poétique. Puis nous avons étudié l'équation métaphysique de la nature et de la surnature dans le recueil qui définit le nouveau projet poétique de Baudelaire, à savoir qu'il veut faire de la poésie un nouveau « theatrum mundi ». Il offre à son lecteur, son « semblable » sa nouvelle conception de l'art poétique qui se lit dans l'ensemble de son recueil, comme le dit dans les « Notes pour mon avocat » : « Je répète qu'un Livre doit être jugé dans son ensemble. A un blasphème, j'opposerai des élancements ver le Ciel, à une obscénité des fleurs platoniques. Depuis le commencement de la poésie, tous les volumes de poésie sont ainsi faits. Mais il était impossible de faire autrement dans un livre destiné à représenter L'AGITATION DE L'ESPRIT DANS LE MAL », et ailleurs : « Le Livre doit être jugé dans son ensemble, et alors il en ressort une terrible moralité ». La poésie de Baudelaire est donc la première à assumer la fonction d' « acteur universel » de la modernité, et est aussi, et d'un même tenant, la dernière poésie à donner à ce point au lecteur le sentiment d'une aussi profonde connivence avec son auteur, puisqu'il n'hésite pas à tout donner du monde, l'Idéal comme le Spleen, il ne lui cache rien.