Flipper
LE FLIPPER
A son habitude, Ludo passait devant cette vitrine où était entreposée son âme damnée depuis des temps immémoriaux. Comme chaque jour cet instrument de tentation l’appelait et comme chaque jour il ne pouvait lui résister. Il avait l’impression que les bouton de la machine s’étiraient comme de longs bras et l’agrippaient par les poignets afin de l’attirer dans son piège.
Dès qu’il insérait sa pièce de monnaie, la machine prenait vie. Alors, une sensation de puissance et de passion folle le possédait.
Le fronton était la partie la plus séduisante de la machine : deux cercles lumineux le consultaient d’un regard malin et une bouche dévorait la somme de ses points. Un visage qui lui faisait peur mais qui en même temps l’attirait dangereusement. Le plateau était le corps de la machine dont les formes épousaient parfaitement le corps du garçon. Les snippers, les bumpers, les drops targets et les rampes, ses organes vitaux, étaient reliés entre eux par la danse espiègle de la perle argentée. Le cœur de la machine battait au rythme du sien, à la cadence des flippers. Ses boutons extérieurs et ses pieds étaient comme les membres articulés d’une marionnette sauf que la marionnette c’était lui car les lumineuses ampoules colorés l’aveuglèrent sur l’identité de ce monstre. Sans me rendre compte, la mélodie infernale que ronronnait cette instrument ne le quittais pas, elle était comme un fond sonore, un doux martyr. Il devenait peu à peu dépendant de cette machine. Il ne pouvait s’en délivrer sans devenir parano. Pour lui, chaque partie était comme le souffle d’une vie : son sou faisait naitre un nourrisson dépourvu de repères, son score était les différents passages de