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Profitant d'une tradition déjà ancienne et bien établie, exploitée par "les Grandes et inestimables Cronicques du grant et énorme géant Gargantua" parues en 1532, Rabelais semble s'attacher d'abord à nous convaincre de l'existence de ses personnages principaux, mais il n'invente, en matière de gigantisme, que des détails; il brode sur un thème connu, comme d'autres conteurs ont essayé avant lui. Pas plus qu'il n'invente ses personnages, ou du moins leurs silhouettes, il n'innove en matière de forme littéraire : le Gargantu « s'inspire simplement des romans chevaleresques, de leurs parodies, de la tradition légendaire et des faits du jour ». Fierabras, Huon de Bordeaux, le Roland furieux et plus encore peut-être leurs parodies, les Macaronées de Merlin Coccaïe par exemple, offrent à Rabelais un cadre souple et commode. Ses géants vivent des aventures déjà répertoriées et « classiques », celles des héros de chevalerie. Un géant est un personnage de marque, il lui faut une longue liste généalogique - surtout au géant roi. Rabelais sacrifie à l'usage, non sans désinvolture : dans l'ordre de ses livres, Pantagruel, fils de Gargantua, voit le jour avant son père. Les Horribles et Espoventables Faictz et Prouesses du tres renommé Pantagruel, roy des Dipsodes paraissent probablement en 1532 pour la foire