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« Voici un étrange monstre que je vous dédie » écrit Corneille en 1639, lorsqu’il fait imprimer pour la première fois l’Illusion Comique. Corneille [1606-1684] a été sous l’influence de l’esthétique baroque avec des pièces, comme Clintandre, qu’il a su rendre jouée.
Il est également le précurseur du classicisme. L’Illusion Comique, tragi comédie, malgré le manque d’unité, rencontre un vif succès grâce au ton et aux sujets très diversifiés. La pièce, écrite en alexandrins, est composée de cinq actes : le premier étant un acte d’exposition, qualifié par Corneille lui-même de « prologue », les trois suivants des actes de rebondissements et d’action, et le dernier étant consacré au dénouement.
Ainsi, la scène 1 de l’acte II est très courte, avec seulement 6 vers, qui servent d’introduction car à la scène 2, que nous étudierons ici, commence la mise en abyme : nous entrons dans l’illusion comique, c’est-à-dire l’illusion théâtrale.
Nous étudierons comment Matamore fait de lui un guerrier héros, dans un premier temps, puis un amant parfait, dans un second temps, et nous verrons ainsi le ridicule de ce personnage, qui procède à son propre éloge.
Matamore, personnage qui réapparaîtra dans la comedia dell’arte et la comédie espagnole, est le stéréotype même du personnage cabotin. Sa tirade, qu’il entame au vers 231, est suscitée par une réplique de Clindor. On remarque tout de suite que l’un vouvoie l’autre, l’un est donc le valet de l’autre. Matamore commence sa tirade par une redondance sur « mon armée », et poursuit avec une accumulation de phrases exclamatives qui donnent le temps. La tirade constitue un autoportrait dans lequel il se dépeint tour à tour, d’abord « conquérant » puis en amant parfait et soumis « je vais t’assassiner » jusqu’à « beauté ».
Ainsi, au cours de ce passage, nous nous apercevrons que les deux rôles qu’il prétend avoir sont imaginaires ce qui montre ainsi sont ridicule.
Pourtant,