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Introduction
L’humanité existe concrètement dans des cultures différentes mais cette diversité n’abolit pas un caractère fondamental. La vie humaine est nécessairement sociale. Pour les Latins, vivre se disait par le verbe inter-esse,
« être entre ». La société est notre milieu de vie tout comme la mer l’est pour le poisson. Sans la présence des autres, avec lesquels nous nouons des relations d’entente ou de conflit, nous ne serions pas à proprement parler des humains. Il est donc compréhensible que nous cherchions les causes fondamentales de ce phénomène. Tel est le sens de la réflexion d’Alain dans cet extrait des Propos sur le pouvoir. Cette enquête le conduit à des distinctions et à des hiérarchies. Il soutient que l’explication par des raisons économiques est secondaire et donne la priorité à des motifs politiques. La justification de cette thèse l’amène à souligner le rôle de la peur.
Ceci motivera notre réflexion : si la société dérive de la crainte, peut-elle être autre chose qu’un rassemblement des égoïsmes ? Alain soutient que l’homme est « citoyen par nature » mais n’est-ce pas notre nature qui nous pousse à nous menacer ?
©HATIER
1. De l’économique au politique
(« On serait tenté » jusqu’à « citoyen par nature »)
A. L’Économique
Le premier paragraphe introduit le motif essentiel du texte. Quelle est la cause déterminante de l’organisation sociale ? Une première possibilité de réponse est donnée avec « le besoin de manger et de se vêtir ». Cette réponse paraît plausible et Alain l’indique par l’emploi du pronom indéfini
« on », qui marque le caractère commun de cette pensée. Il est indéniable que l’homme est un être de besoin. Nourriture et vêtements font partie des nécessités premières. Alain emploie le terme d’Économique pour signifier que toute société a mis en place une organisation visant à satisfaire ces exigences de base. L’économie désigne