Ibsen
Nora : (cri aigu) Ha !...
Helmer : qu’est ce que c’est ? Sais-tu ce qu’il y a dans cette lettre ?
Nora : oui, je le sais. Laisse-moi m’en aller ! Laisse-moi partir !
Helmer (la retenant) : Ou vas-tu ?
Nora : (essayant de se dégager) : Tu ne me sauveras pas, Torvald !
Helmer : (reculant) : c’est donc vrai ! C’est vrai, ce qu’il écrit ? Horreur ! Non, non c’est impossible, ca ne peut pas être vrai.
Nora : C’est vrai. Je t’ai aimé plus que tout au monde.
Helmer : Oh ! Ne cherche pas à t’en sortir par des niaiseries.
Nora (un pas vers lui): Torvald… !
Helmer : Malheureuse… qu’est ce que tu as fait là!
Nora : Laisse-moi m’en aller. Tu ne porteras pas le poids de ma faute. Tu ne dois pas te charger de cela.
Helmer : Pas de comédie (il l’empêche de partir) Tu vas rester ici, tu vas me rendre des comptes. Comprends-tu ce que tu as fait ? Réponds-moi ! Comprends-tu ?
Nora (regard absent, ton roide): oui, maintenant je commence à comprendre.
Helmer : Oh! L’épouvantable réveil! Pendant ces huit années… Elle qui était ma joie et ma fierté… une hypocrite, une menteuse… pire, pire… une malfaiteuse !
Nora (se tait, air absent)
Helmer (s’arrête devant elle): J’aurais du me douter que quelque chose de ce genre arriverait. J’aurais du le prévoir. Avec la légèreté des principes de ton père… Pas de religion, pas de morale, pas de sens du devoir…Oh ! Comme j’ai été puni d’avoir jeté un voile sur sa conduite. C’est pour toi que je l’ai fait. Et voila comment tu me récompenses.
Nora : Oui, voila.
Helmer : Tu as détruit tout mon bonheur. Tu as anéanti tout mon avenir. Je suis à la merci d’un être sans scrupules. Il peut faire de moi ce qu’il veut ! Ainsi je peux être coulé lamentablement, coulé à pic à cause d’une femme écervelée.
Nora : Quand j’aurai quitté ce monde, tu seras libre.
Helmer : Oh ! Pas de simagrées. A quoi me servirait-il que tu quittes ce monde, comme tu dis ? Il peut tout de même ébruiter la