invention
Une fuite, oui. Une fuite. Vers ce que je suis. Pour devenir. Pour être libre. Pour casser les chaines. Pour tromper le temps. Pour défier la vie. Etre soi, être moi. Je pars à l'intérieur de moi-même, en voyage au fond de mon esprit. Je cherche qui je suis. Je veux, je souhaite me sentir en vie. Je n'ai besoin de rien ni de personne. Surtout pas de l'illusion que nous offre la société. Je n'ai pas besoin de la tristesse, ni des gens autour de moi. Juste moi. Seul avec ma solitude. Dans l'espace, dans le temps, infiniment. Sans aucun doute. » « J'ai vu Manu. Je lui ai dit au revoir. Les clés sont tombées dans ses mains. Son regard, soucieux. Son visage, pâle. L'incompréhension. Je lui ai dit que je suis prêt. Je lui ai dit « A dans un an Manu.». Il a dit « Tu es fou Bernard. ». Il m'a fixé de ses yeux gris. J'ai souri. Je m'appelle Bertrand. Un éclair de malice est passé dans son regard avant de disparaître. Puis, lui aussi, Manu, a disparu.
Je suis seul. Lorsque j'ai décidé de partir, j'étais en deuxième année de médecine. Je mangeais des spaghettis en boite et buvais de la bière vendue par pack de trente. Le professeur d'histoire des plantes médicinales avait un sourire vicieux. Paul-Antoine, le fils d'un riche ministre au nom mangé par le temps, me lorgnait jalousement. Morgane, ma petite amie de l'époque, possédait trente-quatre paires de chaussures. Lorsqu'elle a acheté la trente-cinquième paire, les ballerines rouges avec un nœud papillon noir à poids rouges sur le devant, le déclic s'est produit. J'ai compris qu'il me faudrait partir.
Alors, j'ai économisé l'argent gagné au Mac Donald dans lequel je travaillais à chaque vacances pendant trois longues années. J'ai obtenu mon diplôme il y a deux ans. Cabinet particulier dans la banlieue parisienne, routine. Désormais, j'ai suffisamment d'argent pour partir en croisière aux Maldives pendant un mois chaque année.
Alors, j'ai décidé de partir chez moi. Pendant un an.
J'ai