Jean Lacouture a beau déplorer qu'aucune instance juridique ne réglemente le rôle du journaliste, il existe bel et bien des chartes qui rappellent la profession à ses devoirs. Mais, dans ce domaine, l'étendue des responsabilités et les impératifs financiers jouent un rôle négatif. Ces chartes insistent tout d'abord sur le respect nécessaire de la vérité. Un journaliste, stipulent-elles, ne doit pas user de moyens déloyaux : mensonge, déformation de faits ou de documents, accusations sans preuves. Mais si tous les documents s'accordent pour faire de la vérité un impératif essentiel, certains notent l'imprécision de ses contours. J.C. Guillebaud affirme que le rapport du journaliste avec la vérité n'est pas chose simple, notamment en raison du temps qui lui est imparti pour rendre compte des faits. Ceux-ci, d'ailleurs, affirme J. Dutourd, pour peu qu'ils soient variés et éloignés du public, ne contiennent qu'une vérité abstraite et impalpable. J. Lacouture rappelle, pour sa part, que l'on demande au journaliste une vérité qui pourrait bien ne jamais être à sa portée : celle d'un témoin omniscient capable de rendre compte objectivement d'un réel multiforme. Si la conquête de la vérité est difficile, voire impossible, son maniement risque, d'autre part, à tout moment de violer les vies privées. C'est le respect de cette part d'intimité qui doit, selon A. Rémond, limiter le droit à l'information. J. Lacouture confirme cette loi claire mais implicite : le journaliste doit se refuser à publier des nouvelles indignes qui portent atteinte aux personnes privées. Le reporter d'Hitchcock illustre, par l'attention méticuleuse dont son regard témoigne derrière ses jumelles, ce danger d'une intrusion du chercheur d'informations dans la vie des gens. Les intérêts financiers viennent compliquer encore le problème. Le journal est une entreprise, et si les chartes rappellent son devoir d'intégrité financière, il ne se refuse pas toujours à des pratiques commerciales. J.