La caractérisation dans l'ecume des jours de boris vian
III.1. La caractérisation : vecteur de la description
Du latin descriptio, la description est la présentation détaillée de lieux, de personnages ou d’événements dans un récit. En littérature, la description constitue une pause dans le récit, où elle peut former un ensemble autonome, bien que le plus souvent elle prenne place dans la narration et va même jusqu'à la suspendre pour ce qui est de l’Ecume des jours. Cependant cette description revêt ici plusieurs formes que nous allons analyser.
III.1.1. Le portrait
Etymologiquement, de l’ancien français portraire « dessiner ». A l’origine, le portrait est une notion rhétorique. Dans le genre démonstratif, il est un élément essentiel pour orienter le discours dans le sens de l’éloge ou du blâme. A partir du domaine de la rhétorique, le portrait s’est diffusé dans le domaine de la littérature, principalement dans le genre romanesque.
III.1.1.1. Formes et fonction du portrait dans l’Ecume
En tant que genre littéraire, le portrait connait son âge d’or au XVIIe siècle : on le pratique dans les salons (en présence des intéressés) et on le retrouve sous la plume des historiens, des mémorialistes, des moralistes et des romanciers. Le portrait obéit alors à un ensemble de conventions précises :
S’ouvrant sur un portrait physique (prosopographie) de la tête aux pieds, il est complété par un portrait moral (éthopée) comme dans l’exemple ci-après ‘‘(…) elle portait un sweat-shirt blanc et une jupe jaune. Elle avait des souliers blanc et jaune et des patins de nockey. Elle avait des bas de soie fumée et des socquettes blanches repliées sur le haut des chaussures à peine mourantes et lacées de coton, faisant trois fois le tour de la cheville. Elle comportait en outre un foulard de soie vert vif et des cheveux blonds extraordinairement touffus, encadrant son visage d’une masse frisée serré. Elle regardait au moyen d’yeux bleus