La cnil
La loi française est orientée vers la protection des personnes, tout comme l’est le Privacy Act américain. La loi CNIL de 1978, votée à la suite du rapport Nora, n’a pas toujours joué son rôle de garant des libertés individuelles contre l’administration : elle est parfois restée lettre morte, car le président de la CNIL n’a pas un pouvoir de ministre. Il en va ainsi pour ce qui est du croisement des fichiers, crime selon la CNIL, mais mal nécessaire selon Bercy et la place Beauveau, pour les besoins de TRACFIN, la traque de la fraude financière. (Même le légendaire secret des banques suisses en a pris un coup). Les fichiers du ministère de l’intérieur sont par essence non conformes à la loi CNIL, mais c’est la limite de l’exercice. A cette loi s’opposent des principes comme l’intérêt supérieur de la nation. Et encore ne va-t-on pas aussi loin que les USA qui se permettent, au nom de la sécurité, tout et n’importe quoi dans la surveillance des citoyens.
Par ailleurs l’évolution technologique fait que nos données personnelles nous échappent de plus en plus, non au profit de l’Etat, mais des commerçants. Il existe par exemple des applications qui (avec votre accord puisque vous avez bien sûr coché la case « j’accepte les conditions générales d’utilisation ») se permettent de filmer votre intérieur à partir de la Webcam afin d’en déduire votre profil en tant que consommateur. Il y a eu les voitures surmontées d’un mât qui filmaient l’intérieur des propriétés pour les afficher publiquement sur Google maps et Google earth. Il y a les innombrables dispositifs intelligents que nous embarquons sur nous-mêmes et qui, agglomérés, concaténés, croisés, recoupés, permettraient de retracer toute notre vie. (Cartes de transport, cartes bancaires, téléphones mobiles, GPS, etc.)