La conscience
En principe, qu'y a-t-il de plus rassurant que les murs de sa propre maison ? Qu'y a-t-il de plus naturel que de s'y réfugier ? Or, lorsqu'on affirme que la peur provient de l'inconnu, que fera l'homme se reconnaissant comme l'objet même de sa propre peur ? Ce sentiment, nous suspendant à un objet dont nous dépendons alors, prend ici la forme d'un mouvement intérieur dont le sujet "je" se retourne contre l'objet "moi". Nous sommes alors face à un étrange et dangereux paradoxe car la peur n'implique-t-elle pas, sinon la destruction, la fuite de son objet ? Alors, si nous avons le pouvoir de nous effrayer nous-mêmes, en avons-nous le devoir ? Étudions d'abord cette interrogation; il y a une ambiguïté au niveau du verbe : - avons-nous la capacité de ressentir ce sentiment ? ou - ce sentiment (envers nous-mêmes est-il possible ? Le pronom impersonnel "on" indique combien la question concerne n'importe qui et qu'elle concerne tout le monde simultanément. " Avoir peur de soi-même " est-il possible dans le sens où cela implique un dédoublement sujet / objet d'un même être et / ou dans le sens où il s'agirait de craindre ce qui constitue ce qu'il y a, logiquement, de plus rassurant pour soi ? Enfin, observons l'aspect strictement individuel de cette interrogation. Indéniablement cette question (soi-même) nous plonge dans une angoissante atmosphère dans laquelle chacun se doit de rentrer en confrontation avec lui-même. Outre cette incorrigible et difficile sensation de forte inquiétude et d'alarme face à la menace, qu'est-ce que la peur ? C'est-à-dire, d'où provient-elle, quel est son processus ? Nous avons peur de notre incapacité de contrôle et d'action, et de notre méconnaissance de nous-mêmes et de nos capacités. Solution à l'angoisse, la peur se fait phobie (par exemple). Et face à l'objet de sa peur, on le détruit, du moins, on fait un détour, on l'évite. A court, moyen ou long terme, outre que la peur puisse