La corruption
La corruption - définie comme "abus de pouvoir public à des fins personnelles" - a toujours existé. Mais au cours des dernières décennies, elle s'est étendue géographiquement et s'est amplifiée en intensité. Depuis le milieu des années 70, elle a atteint la quasi-totalité des pays du monde.
On pouvait espérer que la libéralisation politique et économique, qui marque les années 90 depuis la fin de la Guerre froide, réduirait ce phénomène. Grâce à la transparence accrue issue du pluralisme politique et la liberté de la presse, le processus de démocratisation devrait normalement mobiliser des forces contre la corruption. Mais les jeunes démocraties restent fragiles et ont apparemment du mal à s'attaquer aux intérêts établis.
Pour sa part, la libéralisation économique - en réduisant les interventions étatiques et, partant, les occasions de corruption - devrait, elle aussi, l'atténuer. Or, dans le court terme, nous observons plutôt le contraire : des structures d'Etat affaiblies, l'absence d'une législation adéquate, l'insuffisante capacité de l'appareil judiciaire à s'attaquer à la corruption, la recherche du gain facile - que d'aucuns confondent avec l'économie de marché !- concourent toutes à aggraver le phénomène, du moins dans une phase de transition. Cette évolution ne peut laisser indifférents ceux qui s'occupent et se préoccupent du développement.
Certes, on peut aborder la corruption et ses effets sous différents angles. On peut le faire par le biais éthique. Mais alors qu'est-ce qui nous autorise à prêcher la morale au Sud et à l'Est, alors que la corruption sévit aussi au Nord et que, s'agissant de corruption dans les relations économiques internationales, il y a, presque par définition, un corrupteur au Nord et un corrompu au Sud et à l'Est ? La seule réponse - moralement contestable mais économiquement correcte - serait que le Nord riche peut se permettre de gaspiller une partie de ses ressources