La critique littéraire a connu plusieurs phases dans son évolution. On est passé des critiques individuelles avec des auteurs tels qu’Aristote, Montaigne, Boileau, Voltaire, à la critique en tant que genre littéraire à part entière. Dans le même ordre d’idées, Henri BENAC affirme : en fait, c’est à partir du XIXe siècle essentiellement que l’on va pouvoir parler de la critique comme un genre à part entière. Jusque là, comme le dit si bien THIBAUDET il y a des critiques mais il n’y a pas la critique […] Aucune discipline critique pourvue de concepts fondateurs et d’une méthodologie. Elle prend véritablement son essor de la querelle des Anciens et des Modernes.1 La fameuse préface de Cromwell de Victor Hugo(1827) est assez éloquente à ce sujet. Au XXe siècle, la critique littéraire se professionnalise. En 1926, une Association nationale des critiques littéraires est créée, mais elle ne regroupe qu’une partie de ceux-ci. Et il reste difficile de cerner les limites de cette catégorie socioprofessionnelle. On peut aisément distinguer les critiques professionnels : ils sont connus par les articles qu’ils publient régulièrement dans un certain nombre de journaux comme le Figaro, L’Action Française, Le Temps et depuis 1945, Le Monde ou Libération, par leurs ouvrages ou recueils d’articles, leurs comptes rendus dans diverses revues comme la Revue des deux-mondes, la Revue de Paris, la Revue Universelle, la Nouvelle Revue Française, Les Lettres Françaises et maintes autres revues moins prestigieuses. Ils se glissent également dans la presse provinciale et les revues régionales. Un petit nombre d’entre eux ont acquis une grande influence et une notoriété incontestable, comme Jacques Rivière, Jean PAULHAN, Robert KEMP, Emile HENRIOT, Albert THIBAUDET ou LEAUTAUD. Parallèlement à cette critique professionnelle souvent liée au journalisme, l’enseignement supérieur des Lettres depuis le début du XIXe siècle n’a cessé d’affirmer sa fonction critique, imposant à l’attention de la