La Culture Fait Elle L Homme
[culture, art et technique, les échanges]
[Introduction]
Contrairement à la progéniture de certaines espèces animales, les petits humains ne naissent pas armés pour affronter le monde : dépourvus de crocs, de griffes ou de fourrure… ils ne peuvent survivre plus de quelques heures si on les abandonne. Pour qu'ils deviennent grands, leurs parents doivent les nourrir, les vêtir, puis leur apprendre à marcher. Surtout c'est en apprenant à parler et à écrire (l'enfant, conformément à l'étymologie, est d'abord « celui qui ne parle pas » [infans en latin]), que les enfants rentrent progressivement dans le monde des adultes, et qu'ils conquièrent leur autonomie. On comprend donc que le développement des êtres humains ne se réduit pas à un développement organique : ils ne grandissent pas de la même façon qu'une chenille qui se transforme en papillon, sous l'effet d'une mécanique biologique. L'homme ne « se fait » pas tout seul, par l'expression de ses gènes. C'est en intégrant une culture qu'ils deviennent pleinement humains, en acquérant les savoirs, la langue, les coutumes et les lois qui la constituent. La « nature humaine » ne peut donc s'épanouir qu'au sein d'une culture. En ce sens on peut dire que la culture fait l'homme : sans elle, toutes ses capacités resteraient endormies. Pour autant, si la culture se réduit à une somme de connaissances à apprendre par cœur, à des codes de politesse et de savoir-vivre qu'il faut appliquer mécaniquement, à des lois qui s'imposent à nous en nous effrayant, il n'est pas sûr qu'elle fasse de nous des humains à part entière. En effet, si la culture n'est qu'une force extérieure qui s'applique à l'homme comme à une matière malléable, il se peut qu'elle ne façonne que des érudits bavards, des hypocrites et des sujets craintifs. Ne faut-il pas en conclure alors que les humains ne sont véritablement humains, que lorsqu'ils font activement leur culture autant qu'ils sont faits par elle ?