la fenetre
Vue de l’extérieur, la fenêtre délimite un fragment de réel qui s’offre à la représentation, à la manière du cadre pictural. De l’intérieur, elle ouvre sur un espace autre donné à contempler ou à imaginer. Mais ce qu’elle montre n’est pas toujours visible ou ne l’est que partiellement, aussi participe-t-elle d’un double jeu, entre exhibition et dissimulation, propre à servir de tremplin à l’imaginaire.
Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les artistes s’emparent de ce motif, situé à l’interface entre l’espace du dehors et celui du dedans, dont ils se plaisent à représenter les interactions. Au point que la fenêtre, en ce qu’elle propose une vision du monde, que celle-ci relève de la mimêsis ou de l’invention, peut devenir métaphore de l’œil, de son regard, et au-delà, de l’activité créatrice même. La définition du tableau comme « fenêtre ouverte », qu’on trouve au Livre I duDella Pittura d’ Alberti, est à cet égard significative.
La fenêtre constitue donc un motif de prédilection dans l’imaginaire des artistes : elle participe indéniablement de la construction d’un espace esthétique, poétique et symbolique ; elle ouvre la voie vers un jeu infini de possibles dialectiques :
Au fond, la fenêtre apparaît comme ce motif éminemment plastique qui permet à l’envi de modifier le décor au sein duquel évoluent les personnages et où se déroule l’action. Agissant à la fois sur la hauteur, la largeur et la profondeur, il introduit dans le traitement des lieux une série d’oppositions dynamiques.
Jean-René Valette, « Les Fenêtres - Architecture et écriture romanesque »
La fenêtre, frontière symbolique
1) Entre espace masculin et espace féminin
Traditionnellement, les intérieurs sont référés à l’univers féminin et aux activités qui lui sont associées