La france et la francafrique
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Depuis plus de dix ans, les autorités et les médias français annoncent « la mort de la Françafrique » et s’alarment du « recul de la présence française ». Plus qu’un décès c’est à une mutation des relations, très spéciales, qu’entretient la France avec le continent africain à laquelle on assiste. Les multinationales françaises élargissent leurs marchés vers d’autres zones géographiques et de nouveaux secteurs d’activité. Mais derrière la privatisation rampante de la « Françafrique », derrière le masque menaçant de la « Chinafrique», derrière les nouveaux discours à vocation « éthique », les pratiques anciennes ‒ officiellement réprouvées ‒ demeurent...
« L’Afrique sans la France, c’est la voiture sans le chauffeur. La France sans l’Afrique, c’est une voiture sans carburant. » Omar Bongo
a cause semble entendue : depuis plus d’une décennie la « présence française » en Afrique serait en recul. Et la Françafrique, vieille machinerie gaulliste issue de la colonisation, exception française maintenue tout au long de la guerre froide, serait morte. Avec elle aurait disparu les « réseaux d’un autre temps », les « émissaires officieux », les « complaisances », les « secrets » et les « ambiguïtés » que dénonçait en 2006 Nicolas Sarkozy, chantre de la « rupture », alors qu’il n’était encore que candidat non déclaré à la présidence de la République française. Avec la mort en juin 2009 d’Omar Bongo, dinosaure de la Françafrique triomphante, une page d’histoire semble définitivement tournée. Il est vrai que depuis la fin de la guerre froide, les « relations privilégiées » que la France entretient avec son « précarré » africain
L
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journaliste animateur du site
liberationafrique.org
Recherches internationales, n° 85, janvier-mars 2009, pp. 39-66
thOmAS dELtOmBE Et BENOît ORvAL ont été secouées par de multiples scandales. Il y eut le génocide rwandais d’abord, qui mit en