La justice peut-elle se fonder sur le compromis ?

Avant de pouvoir tenter d’apporter une réponse à cette interrogation nous devons nous interroger sur ce que sont la justice et le compromis. Le mot « justice » est construit à partir du latin « jus », qui signifie le droit. Cette première piste suggère que le respect du droit permet de définir et de garantir la justice. Mais le mot « droit » est équivoque, puisque le droit peut s’entendre de deux manières : le droit naturel ou rationnel qui est pur et universel et ne relève de l’usage que de la raison (par la raison on distingue ce qui est juste de ce qui ne l’est pas) et le droit positif constitué de règles, les lois, adoptées dans le cadre d’une société. Le problème est que ces règles sont multiples et changeantes en fonction des sociétés. La justice suppose-t-elle l’unité des règles de droit ou peut-elle s’accommoder de leur multiplicité ? Le mot se rapporte aussi à la vertu qui consiste à être équitable bien que souvent on se pose la question de savoir si la justice réside dans l’égalité ou dans l’équité. Car le mot grec qui signifie justice « dikè » a pour sens premier la balance, la justice est donc originellement une métaphore de la balance qui associe la notion de justice à celle d’égalité. Enfin dès le XIème siècle il est employé dans sa dimension juridique, désignant par métonymie l’acte par lequel on rend la justice. Quant au compromis, c’est un mot emprunté au latin « compromissum » qui signifie « appel à la sentence d’un arbitre ». Le mot s’emploi en droit, tant avec le sens d’emprunt qu’avec celui d’« engagement réciproque ». Il s’est également répandu avec le sens d’« accord obtenu par concession mutuelle » qui a développé une valeur péjorative parce qu’on le confond souvent avec compromission qui est un mélange vicieux des principes de références. Le fait que la justice soit un terme si compliqué à définir et un concept si difficile à saisir rend cette question : « la justice peut-elle se fonder