La Main Dans Les Mains Libres
Cette courte étude est destinée à classer. Tout d'abord les dessins en fonction de la thématique correspondant à la première moitié du titre du recueil (la main), ensuite les poèmes, selon le même angle d'étude. Nous sommes conscient que cette démarche conduit à séparer ce que justement les deux artistes ont joint, c'est à dire le dessin et la poésie, ensuite les mots "mains" et "libres" en une seule expression. Il s'agit au fond de diviser les éléments qui constituent cet ensemble pour mieux en voir le fonctionnement, si tant est qu'il soit souhaitable de faire subir ce traitement à une œuvre surréaliste qui, par essence, vit de sa liberté interprétative. Mais, Bac oblige ...
A- LA MAIN DANS LES DESSINS DE MAN RAY
1/ La main qui saisit :
Dessin liminaire (p.6) : la femme allongée sur le pont saisit le bâtiment, ce qui crée un effet d’échelle. Prise de possession ? recherche d’équilibre ?
"L'évidence" (p.17) : on voit ici des mains qui cernent un visage partiellement montré (oeil + bouche) : on cherche à s'en emparer ? On protège ?
"Le désir" (p.20) : une main saisit une chevelure : désir de possession physique ? geste protecteur ?
"C'est elle" (p.22) : une main saisit un buste de statue / mannequin, dans un jeu de regard. La mention écrite "c'est elle" sur le dessin peut évoquer le désir de chercher une identité.
"La lecture" (p.31) : mise en abîme de l'acte de lecture. Ici, la main tient une liasse de feuillets, peut-être comme s'il s'agissait de ce que justement nous lisons.
"Narcisse" (p.36) : une femme sans tête tient dans une main un masque, celui qui est censé représenter cette tête manquante, d'où le titre en forme de clin d'oeil (dans le mythe, Narcisse se voit à travers son reflet ; ici, la femme se voit par amputation symbolique du visage). Comme ci-dessus, Man Ray joue avec le masque qui montre et cache à la fois, et, en montrant, il ne fait que dévoiler ce qui est dérisoire.
"Le tournant" (p.60) : une main sort d'une