La mobilité sociale des enfants d'ouvriers immigrés
De l’immigration étrangère parentale à la mobilité sociale des jeunes adultes : lignée familiale et dynamiques professionnelles individuelles au début des années 1990
Jean-Luc Richard, Anne Moysan-Louazel
Les vingt dernières années ont montré l’acuité des débats sur le « devoir d’insertion » que la société française devrait avoir à l’égard des jeunes adultes, notamment ceux dont les parents furent immigrants (Marangé, Lebon, 1982). L’exploitation des données de l’échantillon démographique permanent (EDP) de l’INSEE, données issues de trois recensements successifs et contenant des informations de nature biographique sur les jeunes adultes et leurs parents permet de comparer d’une part la trajectoire des jeunes issus de l’immigration à celles de leurs pères, et d’autre part la mobilité intergénérationnelle des enfants d’immigrés à celle des enfants de Français de naissance (Richard, 1997b). Or, si le sujet est d’importance, la comparaison de la mobilité sociale ou intergénérationnelle des enfants d’immigrés, avec celle des enfants de Français de naissance est délicate. Si cette analyse conclut à une mobilité professionnelle ascendante des enfants d’immigrés et à des dynamiques de mobilité relativement proches entre les enfants d’immigrés et les enfants de Français de naissance, les résultats doivent cependant être relativisés tant les comparaisons sont rendues délicates par de nombreux éléments. L’apparente mobilité sociale des premiers est en partie expliquée par les départs de certains jeunes vers les pays d’origine des parents, phénomène sélectif. Elle est aussi probablement le résultat d’une évolution de la structure des emplois indépendante de la structure profonde de la mobilité. Par ailleurs, si la dynamique d’alignement des trajectoires est effective, elle est marquée par une précarisation croissante des situations pour tous