La mort
Pour les grecs la mort était libération; c'est elle qui mettait fin à la dépendance de l'âme vis-à-vis du corps : l'âme pouvait seulement, après la mort, exister comme pensée pure. Loin de faire reculer Socrate condamné à boire la ciguë, la mort lui était d'un grand soulagement. Est-ce parce que Socrate n'avait pas refusé la mort, mais au contraire l'avait admise comme un des traits irréductibles de sa propre finitude qu'il put affronter sa propre mort avec autant de calme? Aujourd'hui ne voit-on pas l'attitude inverse envers la mort ? Elle semble refusée, cachée, éloignée du regard. A la mort « acceptée » semble avoir succédé la mort « refusée ». Mais la mort n'est-elle pas, comme Socrate l'avait comprise, une idée irréductible de la vie ? Ou bien n'est-elle rien pour nous ? La notion de mort est loin d'être évidente. Nous tenterons de démontrer cette proposition à travers l'étude des contradictions où se met l'homme face à la mort.
Donner une définition « juste » de la mort serait prétentieux car si chacun a fait ou fera l'expérience de la mort, il est trop tard ou trop tôt pour qu'il puisse en rendre compte. Mais nous pouvons cependant dire en quoi celle-ci est naturelle. Nous comprendrons « naturelle » comme opposé à « rien » au sens « nécessaire en fonction des lois de la nature » d'un point de vue strict et rigoureux ou encore « normale » d'un point de vue dérivé.
Elle est naturelle donc, parce