Lapeur
J’étais assis dans mon grand fauteuil de velours noir, dans le salon, un verre à la main. Je ressentis un sentiment étrange. Il était midi et d’un seul coup j’eus l’impression que le temps s’était arrêté ou plutôt qu’il avait fait un bond de plusieurs heures et qu’on était en pleine nuit.
Dehors, tout était calme, bizarrement silencieux…Je baillai…J’entendis le hululement d’une chouette, je regardais par la fenêtre et dans la pénombre j’aperçus une chauve souris qui virevoltait. Le craquement de l’escalier me fit sursauter. Le vent s’engouffra dans la cheminée, fit claquer les volets et ouvrit la porte de la cave…
Je commençai à transpirer. La peur m’envahit peu à peu, des frissons parcoururent mon corps. Le vent recommença à souffler. Je regardais le livre ouvert que j’avais posé sur la cheminée : les pages tournèrent toutes seules, très vite, comme si elles étaient possédées. Puis ce fut le silence.
Je pris mon courage à deux mains. Je tremblai de la tête aux pieds, mais je me levai malgré tout en direction de mon livre, emporté par la curiosité. Mon livre était ouvert à la page 316, je lus la première phrase « Tu peux habiter dans ma maison mais laisse-moi mon fauteuil »…
Je respirai lentement afin de me calmer. Je repris mes esprits, et je revins vers le fauteuil. Je le transportai près de la cheminée, dos à la fenêtre. Et je revins m’asseoir sur le canapé. J’attendis là, j’aperçus un rayon de soleil qui rentrait dans la maison.
Plus jamais je me suis assis dans ce fauteuil. Ce jour là, à travers les rayons du soleil, j’ai cru voir un homme en redingote lire son