Le bonheur est-il une affaire privée ? Problématique Être heureux, c’est d’abord se sentir heureux. La notion de bonheur renvoie donc à un certain état de l’esprit, qui est de l’ordre d’un vécu propre à la personne. Chacun rechercherait ainsi ce qui provoque en lui cet état, sans qu’il soit possible de déterminer de manière objective ce qu’est une vie heureuse. L’analyse de la notion de bonheur semble alors nous conduire à penser que le bonheur est une affaire privée, qui relève du sujet, de ses désirs et de ses préférences. Cependant, le bonheur ne renvoie pas à n’importe quel vécu, le bonheur semble devoir se concevoir comme un état de plénitude, de satisfaction complète. Comment atteindre cet état ? Puis-je par moi-même, tout seul, de manière privée, prétendre atteindre un état de plénitude ? Le bonheur n’est-il pas au contraire l’objet d’une recherche commune ? Pouvons-nous réellement concevoir qu’une personne est heureuse, si elle n’a pas une vie sociale riche ? D’un point de vue moral, n’avons-nous pas le devoir de nous soucier du bonheur des autres ? Et, plus profondément, dans la mesure où le bonheur repose sur une ré exion sur soi-même, sur un questionnement existentiel qui concerne tout être humain, peut-on vraiment réduire le bonheur à une simple “affaire privée” ? Proposition de plan I - Le bonheur, dans la mesure où il consiste en un vécu de satisfaction, propre à la personne, relatif à ses désirs et ses préférences, est une affaire privée. Il ne semble pas y avoir de modèle de bonheur objectivement déterminable pour tous, et nous désirons construire par nous-même notre vie, sans que l’on nous impose un idéal de bonheur dans lequel nous ne nous reconnaissons pas. II - Mais à moins de vivre dans l’illusion, l’expérience de la satisfaction doit reposer sur une satisfaction dans le réel de ses désirs, et de ses besoins. Or la vie sociale est en elle-même un besoin pour l’homme, et la recherche des conditions de réalisation de nos désirs est une affaire