le crapaud
Qui est Tristan Corbière ? Son véritable prénom est Edouard-Joachim : le poète l'a remplacé par ce pseudonyme évocateur (« triste en corps bière »)avant la parution en 1873 de son unique recueil de poèmes. Les Amours jaunes passent imaperçus, et Corbière ne sera révélé au public qu'après sa mort grâce à Verlaine qui lui consacre un chapître de son essai les poètes maudits (1883).
Corbière, passionné de marine (mais n'ayant pu devenir marin en raison d'une faible santé), meurt à Morlaix en 1875 : il a moins de trente ans et n'a connu qu'une vie solitaire marquée par la maladie, et sans amour. C'est bien tard que son talent a été enfin reconnu.
« Le crapaud « : un autoportrait dérisoire :
I) Une forme surprenante
1) Un sonnet inversé
Les tercets précèdent les quatrains et le dernier vers, la chute, se détache du reste du poème. -tercet 1 : rimes plates -tercet 2 : puis embrassées
Les deux tercets sont liés en un sizain.
Les deux quatrains ont des rimes embrassées, le tout est rédigé en octosyllabes.
L'ensemble respecte certaines règles de prosodie (= versification) malgré la forme surprenante.
2) Une syntaxe déroutante
-La ponctuation : de nombreuses phrases suspensives à la fin ou au début. De nombreuses exclamations au moment où l'on reconnaît le crapaud.
-De nombreuses coupes qui donnent une impression de vers brisés, privés d'harmonie (comme le chant du crapaud), ex au vers 9 : le vers est bancal, tout comme l'animal représenté.
Le poète semble s'affranchir de la forme classique du sonnet, et l'on pense à l'autre sens du mot « crapaud » : défaut dans une pierre précieuse.
II) Une atmosphère angoissante
1) Les impressions
L'atmosphère est suggérée plus que décrite :
-Impression auditive : anaphore de « chant » + « chanter » : inquiétant , car nous sommes au cœur d'une nuit lourde, étouffante (« sans air »).
-Impression visuelle : éclairage froid, sans