Lecture analytique : « La nuit est une grande cité endormie... » de Philippe Jaccottet

L’effraie est le premier recueil de Philippe Jaccottet parut en 1953. Le poème liminaire (= le premier poème du recueil ) « La nuit est une grande cité endormie » est emblématique du recueil dans lequel la nuit et l'angoisse de la mort sont des thèmes récurrents. Le titre du recueil est à cet égard révélateur puisqu'il désigne un rapace nocturne et l'on y entend aussi le verbe « effrayer » et le nom « effroi » qui évoque bien l'angoisse. Lecture !

I – Une atmosphère inquiétante
1 ) Un cadre nocturne ambivalent
On relève une ambivalence (= deux différents côtés ) des éléments évoqués =>
* La nuit : - Rassurante, familière, temps du sommeil et de l'apaisement ( côté positif ). - Génératrice d'angoisse, côté mystérieux, inquiétant + Oxymore « bords infinis » ( côté négatif ).
* Le vent : - Peut symboliser la vie ( côté positif). - Angoissant car c'est une source de danger, une force menaçante que l'on ne peut contrôler « le vent secoue le noisetier ». Les points de suspension renforcent l'idée du souffle ainsi que la personnification « il est venu de loin » ( côté négatif ).
* « Asile de ce lit » : - Peut signifier la chambre, lieu protecteur et rassurant. La nuit est associée au thème des amants, cela suggère calme, paix ( côté positif ). - Perçu comme un enfermement car on passe de la cité au lit ( lieu plus restreint ).
→ Les éléments se réunissent de façon inquiétante, l'extérieur vient empiéter sur l'intérieur.

2 ) La montée de l'angoisse : 3 étapes
Le texte se laisse facilement découper en trois moments à peu près symétrique quant au nombre de vers.
* 1ère étape : « la nuit […] noisetier » - Cadre spatio-temporel ( la nuit dans une ville ) et se renferme sur la conscience du poète ( veille sur sa campagne endormie ).
* 2ème étape : « viens cet appel […] de tes yeux » - Appel mystérieux difficile à identifier. - Les mots manquent au poète.
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