Les arrogances du Père Pistache
Tant que je serai vivant et dispos, vos menaces ne me feront pas fuir.
Sénéchal, je te conseille plutôt de faire acquitter la demoiselle que tu as calomniée à tort ! Elle m’a dit en effet, et je la crois, elle m’a juré sur l’honneur et sur le salut de son âme qu’elle n’a jamais accompli, proféré ni prémédité la moindre trahison envers sa dame. Je crois parfaitement tous ses dires. Je la défendrai si je le puis, car je trouve légitime de lui venir en aide. Et, pour parler vrai, Dieu est toujours du côté du droit ; Dieu et le droit ne font qu’un. C’est pourquoi, quand ils prennent mon parti, je dispose d’une meilleure aide et d’une meilleure compagnie que toi ! »
L’autre répond stupidement qu’Yvain peut user de tous les moyens à sa convenance pour lui nuire, pourvu que le lion ne leur fasse aucun mal. Le chevalier affirme qu’il n’a pas amené son lion pour lui servir de champion et qu’il ne cherche nullement à engager dans le combat quelqu’un d’autre que lui-même. Mais si le lion les assaille, qu’ils se défendent énergiquement contre lui car il ne peut nullement se porter garant de son comportement. « Tu as beau parler, lui répondirent-ils, si tu ne fais pas entendre raison à ton lion et si tu ne l’obliges pas à rester tranquille, tu n’as rien à faire ici! Vat’en plutôt, tu feras mieux,