Les devoirs nés du mariage
Obligations réciproques ou obligations mutuelles ? par Janick Roche-Dahan Maître de conférences à l'Université de droit de Toulon * ** 1. Il est de bon ton aujourd'hui de souligner l'affaiblissement des effets du mariage. Ce dernier ne serait plus qu'une coquille vide (1). L'évolution des moeurs a conduit à un « dépérissement » des obligations traditionnelles du mariage. La Cour de cassation elle-même a affirmé dans un arrêt remarqué que dans certaines circonstances, le devoir de fidélité est moins contraignant (2). Les hypothèses où les manquements caractérisés aux obligations de communauté de vie et de fidélité ne sont pas pris en compte sont nombreuses (3). La cour d'appel de Nîmes a affirmé que « le lien conjugal était si distendu qu'il ne peut plus servir de support à l'obligation de secours » (4). Plus récemment, le tribunal de grande instance de Lille a homologué une convention temporaire de divorce dans laquelle les époux indiquent se délier mutuellement du devoir de fidélité (5). Par là même, les juges semblent admettre que les obligations du mariage dépendent du vécu conjugal et qu'elles peuvent ainsi disparaître par l'effet de la volonté des époux. Parallèlement à cette évolution, on constate la multiplication des obligations innomées, découvertes au cas par cas par les juges. Tout se passe comme si chaque situation donnait lieu à l'émergence d'obligations spécifiques adaptées à chaque cas (6). Un auteur a pu ainsi souligner après un examen minutieux de la jurisprudence sur les fautes causes de divorce, que l'information la plus intéressante était « la confrontation entre d'une part, les hypothèses nombreuses où des manquements caractérisés à certaines obligations sont excusés, c'est le cas de l'adultère et des abandons de domicile conjugal, et, d'autre part, la sanction encourue en cas d'indifférence, ainsi que les divorces pour mésentente » (7). Multiplication des obligations de toutes sortes, atténuation des obligations