Les débuts de la rhétorique
Si l'on suit Aristote [1], la rhétorique aurait été inventée par le grand poète et savant Sicilien Empédocle, au Ve siècle av. J.-C. mais tout porte à croire que l'éloquence était pratiquée bien avant comme en témoignent les poèmes d'Homère [2] dans lesquels figurent des discours travaillés – discours qui seront repris comme exemples par les rhéteurs.
Le Sicilien Corax (Ve siècle av. J.-C.), élève d'Empédocle, est celui qui propose la première définition de la rhétorique : elle est selon lui « ouvrière de persuasion ». Son disciple, Tisias (vers 460-400 av. J.-C.) élabore quant à lui le premier « art oratoire » [3] : il s'agit d'un recueil de préceptes pratiques accompagnés d'exemples utilisables dans les débats et dans les litiges.
Ces premières technai sont destinées aux Siciliens, qui après la chute de la tyrannie en 466 av. J.-C., intentent de nombreux procès [4]. La rhétorique incarne alors pour les plaideurs, le moyen de défendre leur cause devant des grands jurys populaires ; elle est un instrument de persuasion destiné à rendre justice – ce qui a valu à la rhétorique la réputation d'être née de procès de propriété.
L'éloquence se constitue rapidement en objet d'enseignement avec pour premiers professeurs, Empédocle, Corax et Tisias. C'est à ces deux derniers que l'on doit la découverte du concept de vraisemblable ; et l'on attribue également à Corax l'invention d'un argument qui porte son nom : le corax. Cet argument destiné aux plaideurs se trouvant en mauvaise posture, consiste à dire qu'une chose est fausse parce qu'elle est trop vraisemblable - si par exemple, un homme est accusé de crime, il s'agit de dire qu'il est innocent, justement parce qu'il serait trop vraisemblable qu'il soit le criminel [5].
Cet enseignement pénètre en Attique [6]. Athènes est alors en plein épanouissement démocratique [7] ; l'assemblée du peuple [8] et le conseil [9] sont des lieux de débat où la parole joue un rôle essentiel. Avec l'ouverture de