Littérature comparée
Commentaire
Bashô, René Char, Héraclite
Par ces vers, « L’état d’esprit du soleil levant est allégresse malgré le jour cruel et le souvenir de la nuit. La teinte du caillot devient la rougeur de l’aurore. » René Char définie le soleil comme une entité magique et merveilleuse qui, en se levant, efface le trouble laissé par la nuit. Le caillot, sous-entendu le caillot de sang, représente le ventre de l’astre qui s’éveille à la vie chaque matin. Héraclite, dans les mots suivants : « S’il n’y avait pas de soleil, ce serait la nuit perpétuelle. » peint le soleil comme une entité de lumière, contraire indispensable de la nuit, qui permet à l’un et l’autre d’exister, yin et yang. Bashô, dans son haïku « Le soleil rougeoie/les journées raccourcissent/vent d’automne. » dessine le soleil comme une entité de feu qui rougeoie dont la lumière s’amenuise plus rapidement à l’arrivée de l’automne.
Le soleil, entité de lumière, de chaleur et de bien-être, évoque un état d’allégresse de par sa splendeur si rougeoyante qu’elle en devient sanglante. Immense étoile qui créé le jour à elle seule, la rougeur de l’aurore teinte les feuilles de l’automne et change l’automne en un éternel instant de liesse. Les feuilles, tels des miroirs ignés, capture la beauté de cet état d’esprit si pur au levé. Toutefois, le souvenir de la nuit – monde d’ombres et d’horreurs – dévore presque instantanément cette allégresse, et le jour cruel ravive de plus belle ce souvenir. Le caillot, indécemment rouge, rappelle un passé empreint de violence. Fébrile, fatigué, il semble sur le point de saigner à nouveau. L’instant de velours mêlé de douleur du soleil levant fait écho à la saison du vent et de la pluie, aux teintes chaudes et affables. Esprit vagabond au gré du temps et des saisons, le poète apprivoise les moments les plus farouches comme le lever du soleil. Cet instant traduit l’éphémère sur plusieurs plans, tel un tableau : la couleur, qui est en constante